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La main de Fanny

Je n'ai jamais imaginé poser cette question à qui que ce soit, mais récemment, c'était le 24 octobre dernier, aux alentours de 22h30, je l'ai fait.


Nous étions à Lisbonne, Fanny et moi, un week-end rendu possible grâce aux algorithmes modernes qui ont rendu abordable la téléportation si l'on omet les épineuses questions de stationnement dans les parkings des aéroports qui accueillent les vols low coast et la tension immobilière occasionnée par les touristes désargentés qui ne peuvent se permettre d'accrocher des étoiles à leur location de séjour.  RyanAir et Airbnb, voilà les complices de ce geste post-moderne, et en un clic nous avons quitté le quotidien humide du Nord-Pas-de-Pitié pour la clémence lisboète. 

Dans le bagage unique autorisé par les instances marketing de la compagnie irlandaise, une boîte. Dans cette boîte et dans ma tête, la promesse d'une vie, rien de moins.


Les cahots d'une vie enjoignent à ne pas se soucier des avaries et à se préoccuper de la destination. Moi qui n'avait jamais programmé aucune destination, celle-ci m'apparaissait évidente, nette, désirable, incontournable.

Dimanche 24 octobre 2021, un réveil bercé par un anticyclone peut-être suspendu au-dessus de l'Algarve - comment juger un expatrié qui opte pour l'Algarve - peut-être était-ce dû à tout autre phénomène météorologique, on ne se pose pas la question quand le soleil nous aveugle.

Nous sommes allé déjeuner à la LX Factory, un lieu hybride très lisbobo à l'ombre du Ponte 25 Abril. J'ai pris un poulpe, elle a pris le soleil. Son sourire...

Après une sieste que l'état méridional octroie sans façon, nous avons franchi le Tage pour visiter la municipalité d'Almada. De cette rive, Lisbonne est un mirage. Une autre traversée se dessinait dans la traversée de ce fleuve qui augurait des plus doux ressacs.

Notre promenade achevée par le coucher du soleil, nous regagnâmes Lisbonne à la recherche d'un restaurant, moi fiévreux à l'idée de demander sa vie, elle fiévreuse de demander un repas.

La Taberna Tosca déverse sur la Praça de Sao Paulo une lumière d'alcôve. Les confidences ont besoin d'une lumière douce, les souvenirs de leur couleur propre. Nous nous sommes installés à une petite table tous les deux, une table qui me permettait d'atteindre sa main. Nous avons partagé un agréable dîner puis, quand la salle est devenue plus calme, que le sosie de Ricky Gervais eut quitté les lieux et que les serveurs trouvèrent un peu de temps pour bavarder, je me lançai.

Ce 24 octobre, Fanny et moi célébrions les deux ans de notre rencontre. Ma mémoire si déplorable a conservé chaque pixel de l'apparition, le 24 octobre 2019, de cette silhouette qui se pressait vers nous, vers moi, en terrasse du Verlaine. Nous avons traversé 2020 et ses haltes-hésitations, les couloirs d'un hôpital et son désarroi, lui disai-je, nous avons vécu une vie déjà ! Sur quoi je posai genou à terre devant elle incrédule et lui proposai de débuter, ensemble, une seconde vie...


Elle a dit oui, le plus beau oui jamais prononcé. Sous un hommage des personnes du restaurant qui diffusèrent 'All You Need Is Love', nous avons quitté la Taberna Tosca puis Lisbonne avec une certitude que nous percevions bien avant même de cliquer sur "priority boarding" mais qui demandait un corps.

Ce n'est pas la carotène ni le vinho verde, ni l'anticyclone qui nous menèrent à cette épiphanie mais un élan vital, un instinct.

On peut l'appeler l'amour, c'est son plus beau nom.  

La Main de Fanny: Bienvenue
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