Pigiste d'opportunité
A New-York, les incontournables du touriste bien chaussé comptent le MoMA, Central Park, Lady Liberty, Wall Street, Brooklyn...
En 2014, j'avais prévu de découvrir New York et le hasard, ce chenapan, fit qu'un important festival musical se tenait au moment de ma visite. Le Governors Ball festival proposait, sur "l'île du Gouverneur" une affiche dyonisiaque composée de certains des plus emblématiques groupes du cru : The Strokes, TV On The Radio, mais aussi Outkast, Phoenix...
Il proposait également, en revanche, des tarifs très "première puissance mondiale". J'ai donc proposé à la rédaction des Inrockuptibles de couvrir en leur nom le premier concert des Strokes après une longue période d'absence, dans leur ville natale qui plus était. C'est ainsi que je me suis retrouvé accrédité french journalist in NYC et que j'ai pu profiter d'un concert des Strokes au soleil couchant au milieu d'une foule hystérique. Une "once in a lifetime experience", comme on dit.
On y était : The Strokes à New York
09/06/14 10h47
PAR
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Plus d’un an après la sortie du controversé « Comedown Machine », les Strokes remontaient sur scène chez eux ce week end, à New York, pour le festival Governors Ball. On y était, on raconte.
"Your City. Your Festival". Les affiches qui ont envahi les murs de la ville rappelaient malgré elles qu’avant 2011, la ville de New York, dont est issue une importante proportion d’artistes qui chaque année font converger toute l’Amérique vers Coachella ou Lollapalooza, n’avait pas son propre festival. Alors comme pour réparer cette injustice, depuis quatre ans, et tout spécialement cette année, c’est sous le signe de la grosse pomme que se déroulait le Governors Ball Music Festival, du 6 au 8 juin. Avec en tête d'affiche locale : The Strokes.
Les convives du gouverneur
Les organisateurs ont posé leur vaisseau amiral au centre de la ville : Randall’s Island, qui accueille les quatre scènes (une grande, deux moyennes et un chapiteau) et leurs dizaines de milliers de spectateurs, se situe précisément entre Manhattan, le Bronx et le Queens. On y accède par des navettes qui partent – sous haute surveillance – d’East Harlem, par ferry ou via des school bus spécialement affrétés depuis Brooklyn. Car les convives de ce bal du Gouverneur ne sont pas vraiment ses voisins immédiats des boroughs périphériques, mais plutôt les foules argentées de Manhattan et les hipsters de Williamsburg, ancien quartier ouvrier de Brooklyn dont la gentrification s’étend désormais au quartier voisin de Greenpoint.
Aux 230 dollars du pass trois jours, on pouvait ajouter les 55 ou 65 dollars pour le ferry ou la navette de Brooklyn et les 40 dollars de vestiaire, sans compter les bières à 10 dollars, bien sûr. Ce n’était sans doute pas un problème pour les détenteurs de pass "VIP" ou même "Super VIP", à 2000 dollars, qui dominaient la foule massée devant la grande scène depuis leurs espaces privatifs appelés de façon chic les "cabanas" et bien équipés en restauration, boisson, massages et concierge ! Sur certaines des affiches du festival aperçues à Brooklyn, les "Your" étaient barrés d’un trait moqueur…
New York City à l’honneur
Pas de doute, on est bien à New York. L’affiche le confirmait, comptant parmi ses headliners certains des plus grands représentants de la scène locale : Interpol, Vampire Weekend, TV On The Radio, Sleigh Bells et… The Strokes qui donnaient, le samedi sur la grande scène, leur premier set en festival depuis 2011. Quelques jours plus tôt, Julian, Albert, Nick, Nikolai et Fabrizio rejouaient pour la première fois en trois ans sur la scène du Capitol Theatre, à Port Chester, au nord de New York, pour une poignée de chanceux, qui entendaient donc pour la première fois en live Comedown Machine, cinquième album controversé sorti il y a un peu plus d’un an, au sein d’une set list rejouée à l’identique sur Randall’s Island pour un public beaucoup plus dense.
Pauvre Childish Gambino, qui jouait en même temps à l’autre bout du site : C’est sur la scène GOVBALLNYC que battait le cœur de la ville au coucher du soleil. Très fort même, en attendant l’apparition des cinq héros locaux (la seconde du week-end pour Julian Casablancas, qui avait joué la veille sur la même scène avec son groupe The Voidz, reprenant au passage l’Instant Crush de Daft Punk). Comme pour laisser le temps à un avion de dessiner dans le ciel sans nuage les lettres RANGERS TO WIN, en soutien à l’équipe de hockey sur glace de New York en lice ce soir-là pour la Stanley Cup, les Strokes montent sur scène avec quelques minutes de retard sous les hurlements de New-Yorkais clairement en manque, et pas seulement de Stanley Cup.
Barely Legal donne d’emblée le ton : Tout le monde connaît les paroles par cœur. Autre apprentissage : Les titres des très décriés Angles et Comedown Machine se fondent parfaitement dans le déroulé du set, même s’ils n’emportent pas une adhésion aussi large que les classiques de Is This It, évidemment. Julian, en chemise bleue hawaïenne improbable, plaisante avec les autres musiciens, partageant même avec le public quelques inside jokes assez impénétrables… C’est un groupe heureux de se retrouver sur scène qui jouera presque une heure et demi, concluant un panorama généreux et cohérent de leur carrière qu’on espère pas terminée par un rappel inespéré, New York City Cops, au moment où un hélicoptère survole le site… Et tant pis si on a cherché en vain à y apercevoir les initiales NYPD…
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Mathieu Dauchy
Set list
- Barely Legal
- Welcome to Japan
- Automatic Stop
- Machu Picchu
- Reptilia
- Razorblade
- Take It or Leave It
- One Way Trigger
- Under Control
- Heart In a Cage
- Hard to Explain
- 12:51
- Someday
- Happy Ending
- The End Has No End
- You Only Live Once
- Last Night
Rappel :
- New York City Cops