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  • Photo du rédacteurMathieu Dauchy

"Disney" en concert

5 Décembre 2021


Samedi soir, intérieur jour d'automne.


Je bavarde avec deux copines en sirotant un petit jus de pomme agrémenté de quelques Smarties dont on se dispute les meilleures couleurs. Le samedi soir avec mes deux copines, on aime surtout chanter des petites chansons, trier nos petits pois, inventer une vie romanesque à nos petits Playmobil. C'est une vie en petit, plus facile à remplir de joie.


Mais ce samedi, de manière complètement inédite, elles m'incitent à les emmener au Zénith de Lille, pour assister à "un spectacle de krincesses". N'ayant aucun a priori ni aucune information sur ce qu'est une krincesse, et d'une nature plutôt curieuse, j'accède à leur désir et les conduit, dans ma petite voiture, vers cette salle de spectacle qui va forcément mettre un coup d'arrêt à notre petite quête de petits moments à colorier.


L'ambiance aux abords du Zénith donne l'impression de pénétrer dans la forêt d'Endor, là où vivent les Ewoks dans Star Wars : une parade de personnes de toutes les tailles, des grandes et surtout des petites, main dans la main, une impression très très renforcée par l'apparition simultanée de quidams en costume de Dark Vador (qui sortent des "Geek Days" voisins).


Le Zénith, sur son 31 (degrés), nous absorbe vers une salle en configuration assise. Un samedi soir assis, comme je l'ai expliqué précédemment, n'est pas pour me dépayser, mais un concert assis, ça me fout un bourdon proche de celui que me conférerait une partie de bowling allongé. Nous gagnons néanmoins nos places, j'assiste impassible à la montée en pression de mes deux acolytes qui vraisemblablement ont connaissance de la nature de l'événement. L'affiche annonce un concert de "Disney", un artiste dont j'ai vaguement entendu parler, mais plutôt dans l'univers du coloriage animalier que du spectacle vivant. Admettons. Les membres de "Disney" semblent en tous cas voyager sur de gros porteurs, car, constellant le plateau monté pour l'occasion, des dizaines d'instruments attendent leur partenaire. Je ne parviens pas à faire monter en moi la fébrilité qui déjà tend les visages de mes partenaires, mais m'abandonne cependant au doux bouillonnement qui préfigure l'entrée en scène.


La salle plonge dans le noir comme on plonge dans un grand bain, mais sans se boucher le nez, ça n'aurait aucun sens. Une fois la foule des instrumentistes installée, un type en costard - je déduis immédiatement que c'est le lead singer - s'avance et se met à parler comme un présentateur de jeu de l'après-midi sur France 3. Je me dis que c'est bien faible pour un morceau d'intro, le gars n'a même pas le flow de Grand Corps Malade. Après son speech, il quitte la scène, me laissant seul avec mes déductions sur sa qualité de leader et avec la riche orchestration des dizaines de musiciens (mais toujours entouré de mes deux copines). "Disney" emprunte à Massive Attack un impressionnant travail sur la vidéo, entièrement constitué d'images animées, avec le côté dénonciation politique en moins. Le premier morceau dure au moins 13 minutes, ça part dans tous les sens, c'est Godspeed You ! Black Emperor sous ecstasy et habillé en plus chic.


Après quoi arrive sur scène une chanteuse qui s'est cru chez l'ambassadeur, elle porte une robe de gala comme on n'en voit même pas à l'Opéra, et je suis apostrophé par l'une de mes camarades : "c'est une krincesse!" me crie t-elle. Admettons. D'une voix ample, soutenue par son syndicat d'intermittents derrière elle, elle se met à chanter très fort en français des banalités sur l'amour et la méritocratie pour quelques morceaux qui me laissent dubitatif. Comment ce band peut-il remplir le Zénith alors que je ne l'ai jamais vu chez Michel Drucker ni même chez Quotidien ? Et comment mes comparses peuvent-elles connaître les paroles tandis que moi-même, ayant travaillé quand même dans le music business, écoutant insatiablement Michka Assayas, déroulant du podcast comme un pompier son tuyau, je ne connais ce groupe ni Dave, ni d'Adam?


D'autres vocalistes apparaissent qui entonnent des airs tantôt jazzy, tantôt pop, mais toujours très riches en saccharose, et la soirée s'achève enfin sur un titre qui semble être un tube, repris par toute la salle et qui parle grosso modo de "l'histoire-de-la-vie-ingonyama nengw' enamabala"...


Resté au seuil de l'engouement suscité par cette prestation, je retrouve néanmoins quand la lumière se rallume des sourires éclatants sur le visage de mes deux complices, et leur propose de débriefer le show sur la route du retour, espérant éviter toute séance d'autographe ou de shopping au merchandising.


Nous regagnons notre petit samedi soir et nos petites habitudes, irisées par de belles leçons sur l'amour éternel et le triomphe inévitable du bien que notre trio connaissait déjà par cœur. J'incite mes deux petites filles à se brosser les dents, à se mettre au lit, je les embrasse et leur souhaite, dans le creux de l'oreille, les plus beaux des rêves bleus.



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